Genre & Histoire, n° 20 (2017) – Appel à contributions

Pièce jointe Mail

Manières d’apprendre

Le genre des apprentissages : contraintes et contournements

(Antiquité – époque contemporaine)

Coordination

Ulrike Krampl (Tours), Dominique Picco (Bordeaux-Montaigne), Marianne Thivend (Lyon 2)

Argumentaire

L’éducation constitue pour l’histoire du genre un objet d’étude stratégique puisque l’accès aux savoirs formalisés et leur validation institutionnelle agissent comme des facteurs majeurs de différenciation sociale et de genre ; tenter d’y introduire davantage d’égalité inspire jusqu’à nos jours des réticences très vives. Cependant, l’école proprement dite n’a concerné, jusqu’au XIXe siècle, qu’une minorité essentiellement masculine de la population européenne, et les inégalités d’accès à l’éducation scolaire, notamment secondaire, technique et supérieure, sont restées fortes pendant une bonne partie du XXe siècle ; en témoignent la composition des effectifs d’élèves et d’enseignant.es, les programmes ou encore les politiques éducatives qui constituent des objets privilégiés de la recherche récente en histoire de l’éducation. Si l’école joue aujourd’hui un rôle crucial, l’éducation ne se réduit guère au cadre scolaire mais comprend, au sein d’un même parcours de vie, différents modes et lieux d’apprentissage qui peuvent alterner ou se mêler, qu’ils soient mixtes ou non, publics ou domestiques, institutionnalisés ou informels, intégrés ou, au contraire, distincts de la socialisation et de l’initiation professionnelle. Tenir compte de cette dimension composite de l’éducation invite non seulement à étudier au même titre garçons et filles, y compris lorsque la socialisation et l’organisation scolaire les séparent, mais aussi à appréhender un ensemble plus large de facteurs qui façonnent le genre des apprentissages.

Se situant à la croisée de l’histoire de l’éducation, de l’enseignement et de la formation, aussi bien que de l’histoire de l’enfance et de la jeunesse et plus largement de la socialisation, ce dossier thématique de Genre & Histoire propose de s’affranchir du cadre scolaire et de s’intéresser aux multiples manières d’apprendre que mettaient en œuvre les femmes et les hommes du passé – et ce à tous les âges. Nous souhaitons en effet saisir la diversité des traductions concrètes, et parfois discontinues, des parcours d’apprentissage qui constituent des ressorts essentiels de la fabrique du genre qui, du coup, font du genre une catégorie évolutive. Car les identités sexuées et socio-culturelles se construisent à travers l’acquisition des savoirs et savoir-faire, dont les lieux et les objets, les méthodes et les finalités sont eux-mêmes marqués par une série de hiérarchies socio-culturelles. En choisissant le verbe « apprendre », nous souhaitons d’emblée mettre l’accent sur les pratiques de celles et ceux qui acquièrent les savoirs et savoir-faire. Par ailleurs, privilégier les apprentissages amène à élargir le regard et à interroger à la fois les approches institutionnelles ou scolaires et les pratiques informelles et occasionnelles, autodidactes et collectives, souvent difficiles à saisir mais d’une importance capitale notamment pour celles et ceux qui se trouvent en situations d’exclusion des savoirs formalisés ; situations dont il importera de préciser la configuration (normes religieuses, domination coloniale, société d’ordres et/ou esclavagiste, violences économiques, etc.), en tenant compte, dans une perspective d’intersectionnalité, de l’ensemble des facteurs qui structurent le social. Ce parti pris invite enfin à étudier les rapports qu’entretenaient entre eux, selon les moments et les lieux, les époques et les cultures, les différents modes d’apprentissage pour former des parcours-type ou au contraire celui de chemins singuliers.

Les thématiques suivantes pourraient être abordées :

– Objets

* s’approprier des savoirs et savoir-faire associés à l’« autre » sexe (latin, théologie, histoire, géographie, sciences, langues, couture, prendre soin de l’autre, etc.)

* corps, âme, esprit ; pratiques physiques, spirituelles, intellectuelles ; travail manuel/travail intellectuel ; expérience affective

* instruction religieuse et apprentissages

– Lieux et parcours

* quels lieux pour quelles pratiques et pour quel sexe : famille, atelier, comptoir, école, lieux religieux, voyage, promenade, sortie scolaire, colonie de vacances, bibliothèque, syndicats, partis politiques, lieux de sociabilité, etc.

* parcours d’apprentissage : pluralité et coexistence (parfois conflictuelle) des pratiques d’acquisition scolaires et parascolaires, autodidaxie, expérience pratique, choix confessionnels, etc.

* manières d’apprendre et mobilités géographiques : de l’échange d’enfants à Erasmus

– Economie et apprentissages

* le coût différencié des apprentissages

* économie familiale et transmission des savoirs et savoir-faire

* apprendre en temps de crise (guerre, crise économique, déplacements forcés, mouvements armés, clandestinités, etc.)

– Médias et médiations

* par quel.les médiateur.rices passe la transmission et la scolarisation des savoirs et savoir-faire ? Outre les enseignant.es et éducateur.rices, qu’en est-il des acteur.rices religieux.ses ou spritituel.les, de la famille (pères, mères, frères, sœurs, oncles, tantes, grands-parents, etc.), des maître.sses particulier.ères et domestiques, des collègues de travail, camarades de jeu et voisin.es, des organisations politiques, etc. ?

* médias et autonomie d’apprentissage : écrit/oral, usages de l’imprimé, de l’image, internet, médias sociaux, etc.

* pratiques solitaires, pratiques collectives, pratiques en réseaux et connectées

* quelles pratiques pour apprendre : observer, jouer, réciter, imaginer, répéter, danser, écouter, dessiner, bachoter, toucher, manipuler, imiter, chanter, construire, sentir, prier, faire du sport, recopier, rêver, apprendre par cœur, inventer,…

Langues

Genre & Histoire publie des articles en français, anglais, allemand, italien et espagnol.

Les propositions (2000 signes, bref CV, liste des publications relevant de la thématique) peuvent porter sur toutes les périodes historiques, tous pays ou aires culturelles, en adoptant une approche comparée/croisée ou non, et sont à adresser à

contact@genrehistoire.fr

jusqu’au 6 juin 2016.

 

Procédure

L’acception des textes se fait en deux temps : après une sélection des propositions par le comité de rédaction de Genre & Histoire, l’acceptation définitive dépendra de deux avis de lecture anonymes.

 

Calendrier indicatif

– Acceptation de la proposition de contribution : début juillet 2016

– Remise des articles (35-40000 signes, notes et espaces compris) : 31 décembre 2015

– Réponse définitive suite à une double expertise anonyme : 15 mars 2017

– Remise de la version finale : 15 juin 2017

– Parution du numéro : automne 2017

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